Le SUAC UHA et La Filature vous invitent à une rencontre avec Jacqueline Caux.
« Je vais évoquer, avec vous, une étrange coïncidence qui m’intrigue depuis longtemps : le surgissement, à la même époque – au milieu des années 80 – dans deux villes bien spécifiques, sur deux continents aux cultures totalement différentes, de deux modes d’expressions musicales rebelles créées par un petit groupe de jeunes gens : la Techno à Detroit et le Raï à Oran. Dans un cas, la ville de Detroit, après le choc pétrolier de 1973, l’introduction de l’automatisation dans les usines automobiles et les émeutes raciales de la fin des années 1960, s’était subitement retrouvée totalement abandonnée. Et c’est justement là, au cœur de cette décadence économique, qu’est apparue la musique Techno. Dans l’autre cas, à la même période, la ville d’Oran concentrait une population jeune en manque de travail et fort déçue par l’évolution de leur pays. De plus, la montée d’un islamisme, qui voulait imposer à tous son ordre moral, commençait à se profiler jusqu’à dégénérer en une véritable guerre civile. C’est sur ce terreau que le Raï émergea et se développa. Une autre similitude existait pour eux : l’apparition de nouveaux moyens technologiques qu’ils ont tous utilisé avec créativité. En ce qui concerne la techno, les jeunes musiciens noirs de Detroit ont créé leurs propres labels et mis en place leurs home studios. Dans le cas d’Oran, la duplication effrénée et aisée des cassettes, joua le même rôle et permis la diffusion de leur musique et bientôt la reconnaissance, d’abord underground puis internationale. Jeff Mills fut l’un de ces pionniers, et Kamilya Jubran ne chanta pas de Rai mais, chercha d’emblée, avec son Oud, une nouvelle expression, portée – comme pour Jeff Mills – par un goût certain pour la recherche constante et pour l’improvisation. Ce sont ces multiples raisons qui m’ont poussée à proposer qu’ils se rencontrent, pour la première fois, ici, à Mulhouse. »
19 novembre 2024, 18h-19h30 (Gratuit)
Amphithéâtre Fonderie (Mulhouse)