Se rendre à Bédéciné, c’est faire l’expérience, sur un week-end du mois de novembre, de la rencontre avec des auteurs de bande dessiné contemporaine. On y rencontre des auteurs confirmés comme Jeronathon, Jérôme Lereculey, président du Festival cette année, mais aussi des auteurs commençant tout juste leur carrière et qui viennent de publier leur première BD. Quelle émotion alors de les découvrir. Cette découverte se fait souvent au hasard de la déambulation, vous vous laissez porter par l’ambiance et, comme par magie, vos pas vous guident vers un ouvrage qui va vous plaire. C’est ce qui m’est arrivé, encore une fois, cette année. Mes yeux ont été attirés vers la couverture d’un ouvrage aux couleurs chatoyantes. Je feuillète l’album et son univers me parle immédiatement. S’ensuit alors une discussion avec l’auteur, Ricardo Colosimo, Italien, arrivé spécialement de Rome pour participer à ce festival. Je repars avec une très très belle dédicace, pleine page.
Ce qui importe au final, en plus du plaisir – et aussi de la fierté, il faut bien l’avouer – d’avoir un dessin original, signé et à son prénom, c’est ce que représente cette dédicace, elle est comme la matérialisation d’un souvenir. Vous ne pourrez pas lire cette BD de la même manière que si vous l’aviez achetée sans rencontrer son auteur. Lorsque vous ouvrirez plus tard l’album, que vous verrez cette dédicace, vous serez replongé dans l’histoire qui lui ait associée. Remontrons alors à la surface, votre discussion, le temps passé à attendre, ce que vous avez ressenti au moment où l’illustrateur vous tend l’ouvrage dédicacé, son sourire et son regard. Toute une expérience sensorielle.
Le Festival est aussi l’occasion de rencontrer des auteurs très peu présents dans d’autres rencontres autour de la BD. Cette année, pour la toute première fois une mangaka était présente, Keiko Ichiguchi, venue d’Italie, son pays d’adoption. Peu importe l’éventuelle barrière de la langue, le langage universel du corps et du regard a parlé pour vous – et puis, vous avez bien quelques notions élémentaires d’anglais, allons – vous avez assisté à la réalisation du travail de la dessinatrice, étape par étape, vous avez saisi tout le temps nécessaire, toute la technique à maîtriser pour avoir dans les mains un dessin semble être un document imprimé (j’ai testé sur des cobayes, ils sont tous tombés dans le piège). Le dessin a pris vie sous vos yeux. Un moment inoubliable.
Même si vous devenez un habitué de l’évènement vous ne vous en lasserez pas. Voyant le mois de novembre approcher, vous attendrez alors le Festival, vous demandant ce qu’il vous réserve cette année, si vous allez revoir d’autres habitués avec qui vous avez sympathisé, quelles rencontres vous allez faire. Vous allez assurément passer un bon moment, qui pourra devenir comme un rituel, que vous ne voudrez rater sous aucun prétexte.
Bédéciné, c’est aussi un lieu qui fait la part belle à la BD d’occasion, qui vous offre la possibilité d’acheter des BD à un prix attractif ou bien de trouver des perles rares – des albums non réédités depuis des années ou bien des ouvrages de collection. Vous pouvez aussi flâner dans les allées et différents chapiteaux, et vous apercevoir de la grande diversité du 10e art. Vous pourrez aussi laisser vous yeux se régaler des expositions de planches originales.
Le Festival est ouvert vers d’autres arts et propose des spectacles pour petits et grands, cette année le cheval était à l’honneur et la compagnie Equinote présentait une création spéciale pour ce week-end, Storyboard. L’année prochaine, nouvelle édition, nouveau président : Philippe Luguy, dessinateur notamment de la série Percevan et d’autres animations, d’autres auteurs dont les noms sont encore tenus secrets – suspens suspens – vous attendent. En somme, un festival aux multiples facettes, un créateur de souvenirs.
Clotilde Lompré
Grâce au dispositif missions professionnelles ALL-SHS de l’Institut de Développement et d’Innovation Pédagogiques (IDIP), la Carte culture propose aux étudiants depuis la rentrée de devenir des « Ambassadeurs Carte culture ». Se glisser dans la peau d’un spectateur et faire part de leur expérience culturelle : la Carte culture par les étudiants, pour les étudiants!