©Clara Pauthier
Jaz est une pièce jouée au TNS les 3 et 4 avril derniers dans le cadre de « l’Autre Saison ». Le texte, écrit par Koffi Kwahulé, a été mis en scène par Alexandre Zeff.
Un groupe joue de la musique jazz. Puis arrive une femme aux airs de diva, la seule actrice de cette pièce. Elle brise le quatrième mur et rentre en contact avec le public. Elle a une histoire à nous raconter, une histoire néanmoins pas très joyeuse.
Jaz est une femme qui vit dans un ghetto. Sa grande beauté est injustement son handicap. Handicap, car elle attire le regard de tous, y compris de violeurs. Sur scène, on nous raconte l’histoire du viol de Jaz. Par un récit mouvementé, en rythme avec la musique qui a un rôle d’exutoire, on apprend que Jaz s’est faite violer dans des toilettes publiques. Tous les détails, même les plus atroces, nous sont décrits. Un homme l’attendait dans ces toilettes.
Notre conteuse nous parle de ce qu’elle ressentait ; d’abord de la pitié face à l’impression de peur que l’homme semblait montrer, puis elle comprit que cette peur n’était que folie et cruauté. Il la menaça avec un couteau.
Des phrases de la pièce nous choquent, notamment celle du violeur : « Comme il y a des têtes à claques, il y a des femmes à viols ». Cette phrase est répétée tout au long de la pièce, encore et encore, jusqu’à nous prendre la tête.
Jaz est décrite comme se sentant sale et fautive de ce viol, fautive car apparemment trop belle…
Le cas de Jaz n’est pas le seul, le viol touche des milliers de victimes, dont certaines vont jusqu’à se suicider.
Se Suicider ? Dans cette pièce Jaz ne se suicide pas, vraiment mais tue.
Elle tue d’un coup de pistolet son violeur qui lui avait demandé de la retrouver dans ces toilettes publiques chaque dimanche et elle tue aussi indirectement son ancienne vie, déjà vide de sens par ce que l’homme en avait fait.
Effectivement, on comprend à la fin de la pièce que notre conteuse était justement cette Jaz, mais elle a décidé de se révolter, de vivre ou revivre tel un phénix. Elle a mené un combat contre son violeur et continue maintenant de mener ce combat en défendant les femmes violées, en sensibilisant les gens à ce qui arrive malheureusement trop souvent, c’est-à-dire la destruction physique et mentale d’une personne et de sa vie par le viol.
Cette femme que nous voyons depuis le début de la pièce n’est plus Jaz. Elle est à présent Rock’roll et révolution !
La pièce se termine en effet par un morceau de rock s’intitulant « Every six minutes », joué par le groupe de musique du début de la pièce. Encore une fois, ce sont des mots forts, choquants et qui restent dans la tête, nous confrontant à la réalité, celle où toutes les six minutes une femme est violée en France.
D’un point de vue musical, notons que la transformation de la protagoniste, de Jaz à Rock, n’est pas un hasard, car le rock est un mouvement musical plus jeune que le jazz, mouvement très souvent lié à la révolte, alors que le jazz est plus souvent une musique faite pour le plaisir.
Pour conclure, cette pièce très riche de sens marque les esprits grâce à la musique et aux paroles. A la fois divertissante et moralisatrice, ce spectacle nous interpelle fortement et nous laisse un sentiment de révolte et de dégoût. Enfin, elle dénonce et nous encourage à nous battre contre ces horreurs.
Lozen Ancillon, ambassadrice Carte culture
Grâce au dispositif missions professionnelles ALL-SHS de l’Institut de Développement et d’Innovation Pédagogiques (IDIP), la Carte culture propose aux étudiants de devenir des « Ambassadeurs Carte culture ». Se glisser dans la peau d’un spectateur et faire part de leur expérience culturelle : la Carte culture par les étudiants, pour les étudiants !